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LA MARINE ROYALE PERIODE 1830 à 1862 (I)

                                


L'uniforme des officiers Règlement de 1831


Les officiers de Marine ont deux tenues : la grande tenue et la petite tenue. L'une pour les services d'honneur, l'autre pour le service journalier au port et à la mer. (Pl. V)


La grande tenue (Pl. IV)

La grande tenue est un habit d'uniforme en drap bleu de roy. Elle se compose d'une veste d'habit à col droit se boutonnant par une seule rangée de neuf boutons dorés et d'un pantalon long. Avec l'habit de grande tenue, l'officier porte un chapeau bicorne, des gants blancs son épée et ses épaulettes.


Description

La veste d’habit : le devant de la veste d'habit est uni et courte s'arrête la taille. Le dos de la veste est prolongé depuis la taille par deux larges basques descendant jusqu'au creux des genoux. Sur les bords latéraux de ces basques sont appliqués des retroussis de même drap portant chacun dans le bas une ancre brodée dor (Pl. IV N5) et sous la taille, deux fausses poches, garnies de trois bou­tons chacune, y sont appliquées de part et d'autre de la fente dorsale. Les vraies poches sont pratiquées dans la doublure des basques. Enfin, deux gros boutons d'uniforme garnissent la couture de ceinture à la jonction des coutures des pièces latérales du dos de la veste. Le col et les parements des manches sont ornés de broderies d'or de motifs identiques. La doublure de l'habit est de la même couleur que le drap.

Le pantalon est long et étroit; il est maintenu tendu sous la botte ou la demi-botte de cuir noir, par un sous-pied.
Un galon d'or orne la couture extérieure des jambes du pantalon. C'est un galon tissé, au motif représentant une ancre inclinée sur son axe, entourée de fines guirlandes qui s'entrecroisent au sommet et au pied des ancres. La largeur du galon est de 4 cm pour les officiers supérieurs et de 3,5 cm pour les Lieutenants de vaisseau et les Enseignes. (Pl. VI, 4) L'été ce pantalon est remplacé par un pantalon de toile blanche sans galons.

 

       
La broderie des cols et des parements

Le col de l'habit, aussi appelé collet est échancré devant, laissant voir le col raide de la chemise et la cravate de soie noire (une patte de soie noire fixée dans l'échancrure du collet et dont le bout, non cousu, se glisse sous une lichette intérieure).

Le col est brodé d'or, d'un motif représentant une ancre à la gumène accolée, entourée et entrelacée à ses extrémités par deux branches de feuillages, l'une de chêne, symbole de la fidélité, l'autre de laurier (d'Inde) symbole de l'honneur et de la gloire militaire. Le tout est brodé directement sur le drap au passé de fil d'or, et de cannetilles. L'ancre est représentée inclinée sur son axe et disposée les pattes vers l'échancrure du col, le jas et l'organeau pointant vers l'arrière (Pl. IV Nl). Ce motif est le même pour tous les grades sauf pour les aspirants dont nous décrirons les attributs plus loin.

Les officiers supérieurs, c'est à dire, les Capitaines de vaisseau et les Capitaines-lieutenants de vaisseau ont en plus le pourtour supérieur du collet garni d'un liseré d'or (N3) dit en dent de loup.

 

Les parements du bas des manches qui sont ouverts à la couture arrière des manches se ferment à l'aide de deux petits boutons d'uniforme. La face extérieure du parement est brodé du même motif que celui du collet, mais l'ancre y est disposée : l'organeau et le jas vers l'avant de la manche et les pattes de l'ancre vers l'arrière. (Pl. IV N2)

Le même liseré d’or (N3) qu'au collet orne le bord supérieur du parement jusque et y compris le rebord de l'ouverture arrière; ce liseré distingue l'officier supérieur de l'officier subalterne.


Les épaulettes

Les épaulettes des grades de la Marine sont identiques à celles portées par l'armée de terre. Le modèle des épaulettes, des dragonnes et des garnitures de chapeau a été fixé par l'arrêté royal du 19 février 1832.

Ce sont des épaulettes à franges, à gros bouillons pour les officiers supérieurs et à fines franges flottantes pour les officiers subalternes (Pl VI, 3). Le corps de l'épaulette est formé d'un large galon doré uni dit "au trait" et d'un écusson soutenant les franges, le tout doublé du drap bleu de l'uniforme. Le pourtour de l'écusson de l'épaulette est formé de deux bourdons tournés sur une âme en soie, l'un d'or mat, l'autre uni brillant et plus petit, le bourrelet ainsi obtenu est encadré de deux liserés de torsades perlées l'un au-dessus, l'autre au-dessous.

La longueur totale de l'épaulette est de 17 cm, la largeur de l'écusson est de 12 cm, la largeur du corps est de 66 mm, la hauteur de la frange est de 55 mm, le liseré a 4mm, le pourtour a une épaisseur de 13 mm. Le poids de la paire ne peut dépasser 260gr.

Les épaulettes se glissent sous une bride d'épaule, dite "attente" posée à un ou deux centimètres de la couture de l'emmanchure et se boutonnent près du col par un petit bouton d'uniforme, (ceci en théorie, car en réalité c'est une agrafe de cuivre placée sous le bouton au dos de l'épaulette qui en assure la fixation). L'attente de la Marine Royale est la même que celle qui est portée de nos jours par nos officiers de Marine. Elle est brodée de fils d'or de 9 traits obliques, en cannetilles et paillettes sur un galon plat au trait posé sur du drap bleu d’uniforme ; le pourtour en est formé d'une torsade de cannetille. Sa longueur est de 85 mm, sa largeur de 16 mm.


Les grades

Les Capitaines de vaisseau portent des épaulettes d'or, les Capitaines-lieutenants ont le pourtour de l'écusson d'épaulette en argent, leurs franges sont, pour tous deux, à gros bouillons dorés. Les autres officiers ont des épaulettes à corps et pourtour d'or mais leurs franges sont fines et flottantes comme on l'a déjà dit.

On se souviendra que c'est Napoléon (encore lui) qui a unifié dans toutes les armées françaises les marques des grades qui sous la royauté étaient fortes de traditions lointaines, très différentes les unes des autres. Il en est resté que de nos jours les marins français portent le même nombre de galons et des mêmes couleurs que leurs collègues des armées de terre et de l'air.

D'où leur Capitaine de frégate qui porte "4 galons d'or dont un d'argent!": le "panaché" comme disent familièrement, entre eux, les matelots. La Marine belge ayant connu les interruptions que l'on sait, a pris modèle sur la Royal Navy, après la seconde guerre mondiale, et si elle a bien pris les attentes de sa Marine Royale, n'a pas suivi la mode française du panaché or et argent pour ses Capitaines de frégate. Les grades se liront en outre sur les broderies de l'uniforme, les garnitures des chapeaux et les dragonnes des sabres.


Le chapeau

Le chapeau que nous appelons bi-corne, est un chapeau à larges bords relevés sur les côtés ; l'aile gauche est plus haute que l'autre. Il est en feutre noir et le bord des ailes est renforcé d'un galon gros-grain noir (Pl. VI fig 1).

La coiffe est doublée à l'intérieur de soie blanche et d'un tour de tête de cuir léger. Il est porté en "colonne", c'est à dire, avec les cornes devant et à l'arrière de la tête.

Napoléon, seul de son État-major, portait le bicorne en "bataille", c'est à dire en travers ou dans l'axe des épaules ou encore, comme disent les marins "brassé carré". Les "Brasses carré" étaient le surnom donné à cette époque aux gendarmes parce qu'ils portaient le chapeau de cette manière.

L'aile droite du bicorne était garnie d'une cocarde de soie faite d'un ruban tricolore finement plissé en cercle. Cette cocarde était disposée sous une large ganse dorée composée de cordons ou boyaux câblés de fils d'or, (semblables aux cordons des jugulaires dorées des officiers de l'armée de terre). Cette ganse est un ornement dérivé de la patte ou des cordons qui retenaient à la coiffe du chapeau le bord relevé et le mainte­nait dans cette position au moyen d’un bouton. C'est ainsi que le bord supérieur de la ganse est retourné et cousu dans la tranche de l'aile et son tour inférieur est maintenu sur l'aile par un petit bouton d'uniforme. Le nombre de tours de Gordon de la ganse variait selon le grade. Les Lieutenants de vaisseau en avaient deux de chaque côté du bouton (Pl. VI, fig 2).

         

Les Capitaines de vaisseau en avaient trois dont les deux du centre à gros bouillons étaient torsadés sur eux même. Les Capitaines-lieutenant avaient eux, les deux boyaux torsadés intérieurs en argent (Pl. VI, fig. 2, 2bis).
Dans le creux des cornes, des glands de franges aplaties indiquaient également le grade : ils étaient à gros bouillons pour les officiers supérieurs et en fines franges pour les autres.

Seuls les officiers du Corps des Mariniers portaient au sommet de la ganse, un plumet de plumes de coq retombantes de couleur rouge.


Tenue de société

D'après des tableaux représentant des officiers de Marine en tenue de "société", on voit que pour la commodité, la veste de l'habit se porte ouverte sur un gilet croisé de piqué blanc à deux rangs de petits boutons d'uniforme dorés.

La cravate est alors une large écharpe de taffetas de soie noire, nouée la Lavallière, et rentrée dans le croisement du gilet. Le ceinturon est porté sur le gilet blanc et sous la veste de l'habit. Quelques années plus tard, le même habit de soirée se portera sur un gilet blanc à un seul rang de petits boutons et la cravate sera un nœud papillon de coton gaufré blanc. (Voir le portrait du major médecin de Marine De Forchaux et du Capitaine de vaisseau Dufour).


Le sabre (Pl. VII)

Le sabre, porté par les officiers de notre première Marine de guerre est, à ses débuts, le sabre de la Marine hollandaise. C'est un sabre à lame droite dont la garde est à une branche, (dite à l'allemande).

Il est maintenu au ceinturon par deux bélières : la plus courte est ajustée de façon à ce que le sabre touche le sol par son dard. C'était donc ce qu'on appelait une "épée trainante".


Description

La lame est en acier poli à deux pans creux, la pointe en langue de carpe.

La longueur de la lame est d'environ 0,7m. La poignée est en ivoire à 7 cannelures parfois filigranées d’un fil de cuivre torsadé et doré. La garde à l'allemande est en cuivre doré, elle porte en son milieu une tête de lion de face ; son quillon est recourbé en volute; les oreillons sont décorés chacun d'un ancre surjalée, entourée de branches de laurier. Le pommeau est à tête de lion et est prolongé sur toute la hauteur de la poignée. Le fourreau est en cuir noirci et vernis, sa chape et son bracelet munis tour deux de l'anneau de fixation aux bélières ainsi que la bouterolle sont en laiton doré, gravés d'un fin décor guilloché et découpés en feuilles d'acanthe. Le dard est uni et sans décors.

Ce sabre restera en usage à la Marine jusqu'en 1837 année ou il sera remplacé par un modèle frcançais - nous en parlerons plus loin Le ceinturon-bélière de 1832

Le ceinturon et les bélières sont en cuir noir verni. Le ceinturon se ferme par une agrafe en forme de serpent reliant les boucles rondes qui ornent les extrémités de la ceinture et servaient à en régler la largeur.
Les documents consultés nous montrent que le ceinturon est porté au-dessus de l'habit par les officiers des Mariniers et au-dessous de l'habit par les autres, et que la petite bélière ne porte pas de crochet pour y suspendre le sabre.


Le sabre de 1837

Le sabre de Marine qui remplacera en 1837 l'épée hollandaise est le sabre des officiers de la marine française. Il est identique, à peu de choses près, à celui que portent encore aujourd'hui nos officiers de la Marine belge. Il fut mis en service à la Marine française par le décret du 20 juillet 1837 et à la Marine Royale belge par Variété royal du 13 décembre 1837.

 

Description

La lame est en acier forgé et poli, sa flèche varie entre 700 et 800 mm. La poignée est en ébène ou en corne noire, à douze cannelures, qui parfois sont filigranées d'un fil de laiton doré. La garde à longue queue porte un œil ou fenêtre pour le passage de la dragonne; elle donne naissance du c6té contre-garde à un petit plateau en amande ciselé de co­quilles et de volutes de feuillages. Du c6té de la garde elle se subdivise en deux branches lisse en entourant des volutes ajourées de feuillage entourant une ancre surjalée. Le tout est prolongé par un quillon en forme de crosse.

Le fourreau de cuir noir porte trois garnitures en laiton doré :
1. la chape qui porte l'anneau de la bélière courte ainsi que le bouton en forme d'olive en dessous duquel dans un cadre rectangulaire figure une ancre surjalée ;
2. le bracelet qui porte l'anneau de la bélière longue.
3. la bouterolle de laiton poli décorée, à la naissance du dard, d'une simple coquille marine.

 

 

 

         

On remarque que ce sabre n'offre que de légères différences avec le sabre actuel à savoir : les branches de la garde sont, dans le modèle actuel, ornées d'un câble torsadé ; le quillon s'est transformé en forme de tête de dauphin; les ciselures représentent des guirlandes de feuilles de lierre et non plus des feuilles stylisées de palmier ou d'algues marines. Sur le fourreau les gamitures sont devenues plus simples, l'ancre n’est plus encadrée et l'olive a été remplacée par une coquille.

Le Musée de l'Armée du Cinquantenaire possède plusieurs sabres de Marine. L'un d'eux est un sabre français du second empire dont l'ancre est surmontée de la couronne impériale ; un autre est un sabre d'officier général, on le reconnait aux garnitures du fourreau qui sont surchargées de ciselures et de gravures. C'est probablement le sabre du Général-major de Marine Napoléon Lahure. Le Musée possède encore une épée de Marine d'un modèle dont nous ne connaissons pas l'origine mais que nous voyons sur une photo d'époque 14-18, portée par le lieutenant Léon Hennebicq, commissaire de Marine au Corps des Torpilleurs et Marins. Par contre, d'autres photos d'époque montrent que les autres officiers du C.M.T. portent le même sabre français que celui de la Marine Royale décrit ici plus haut.

Un mot encore au sujet du destin de la première épée de Marine des officiers de la Royale: on lit dans une étude due à Monsieur Louis Leconte, qu'elle fut donnée aux officiers des Douanes, lorsqu'elle fut remplacée la Marine par le sabre français.

Nous ajouterons encore, á l'usage des curieux et des collectionneurs, que le sabre de Marine 1837 a été confirmé dans son identité par le décret de la République (2de) du 17 avril 1850 et que sous le second Empire le sabre est conservé dans sa forme mais garni de la couronne impériale et de motifs légèrement différents (décret du 29 janvier 1853) que le 10 octobre 1870, par décision gouvernementale les couronnes qui surmontaient les ancres disparaissent - ou ne sont plus reproduites ou même sont limées Que le 3 juin 1891, sur base du sabre de 1870, démarre une nouvelle série de fabrication - que chaque année l'École Navale passe des commandes de l'ordre de 100à 150 pièces chez les fournisseurs: Manufacture de Châtellerault, Couleaux et Cie, Klingenthal, ou Carré fourbisseur parisien Il est à noter qu'à chaque livraison on peut déceler de légères variantes portant sur le quillon, le bouton ou le dard. À partir du 26 octobre 1963, débute la période de production industrielle (notice technique n° 558 M/c Ma 3.) le sabre de Marine, dont le modèle rente toujours le même, aura la poignée produite en matière plastique dure et le fourreau sera de métal recouvert de cuir.

Notons enfin que les premiers sabres acquis en 1947 par la Marine belge provenaient de la firme Debauge et Deligny (Fr.) et que vers 1955 ils furent produits par Sollingen (All.) en version industrielle.

Dans la Marine française les officiers mariniers étaient dotés depuis 1856 d'un sabre modèle 1837 non doré ne comportant depuis 1902 qu'un seul anneau de bélière et que ce ne ,sera (jul partir de 1957 que leur sabre sera identique á celui de officiers de Marine, (second-maîtres excepté).


Le ceinturons bélières de 1837

Le ceinturon-porte-bélière est en cuir grainé noir de même que les bélières. La boucle est ronde en cuivre doré au feu. Le décor en est une ancre surjalée d'or brillant sur un fond sablé d'or mat, entourée d'une couronne de feuilles de laurier enrubannées. La boucle a 4 cm de diamètre.

Les bélières ont respectivement une longueur de 40 cm pour la petite bélière et de 75 cm pour la longue bélière. La courte bélière est fixée sur un anneau rectangulaire qui interrompt le cuir du ceinturon á la hauteur de la hanche gauche. La bélière longue est fixée de la même manière au milieu du dos. Les deux bélières se crochent aux anneaux du fourreau par des mousquetons en laiton doré (Pl.VI, 1).


Les dragonnes

La dragonne du sabre de marine est constituée d'un double cordon de soie noire câblée sur un corps de coton, se terminant par un gland de soie noire sans franges pour les aspirants, par un gland doré à franges fines et flottantes pour les officiers subalternes et à franges à gros bouillons du même type que celles de leurs épaulettes, pour les officiers supérieurs. Le gland est formé d'un corps tressé de fil d'or, le pourtour se compose de tours de câbles dorés. La dragonne se noue du coté gland ou passe par la fenêtre du sommet de la branche de garde, s'enroule autour de la poignée et la ganse coiffe le bouton du fourreau pour retenir le sabre dans son fourreau. L'autre bout et son gland pendent librement. Lorsque le sabre est porté "au clair" la main est passée dans la ganse qui est serrée au poignet par un coulisseau de fils dorés, tissés en bonnet turc.

 

         

La petite tenue 

La petite tenue est portée pour le   service journalier et le service à la mer (il faut entendre par là le service à bord, en rade, au port, ou en navigation). Cette tenue sera au début de l'existence de la Marine la même que l'habit de grande tenue, mais sans les garnitures brodées du col et des parements et sans les galons dorés des jambes du pantalon. Au collet on y verra pourtant une ancre brodée d'or du modèle n°4. Cette (demi) petite tenue sera rapidement supplantée par la redingote (P1.V).

En petite tenue, l'officier de Marine, porte ses épaulettes, le sabre et le bicorne en service commandé avec chapeau, ainsi que lorsqu'il est de quart au port, pour les couleurs le matin et le soir, et de toute façon pour recevoir à la coupée un officier supérieur ou un visiteur de marque (art 7 du règlement pour le service intérieur). L'officier de quart à la mer porte le ceinturon sans le sabre comme marque distinctive.

Dans les autres circonstances, les officiers en petite tenue, portent une casquette en même drap bleu.


Description

La redingote, de même drap de couleur bleu de roy que l'habit, est portée croisée et fermée par deux rangs de 8 boutons d'uniforme placés en courbe légèrement rentrante. Elle est collet droit orné de l'ancre brodée (n° 4).
Il n'y a pas de broderies aux parements des manches qui sont fermées par deux petits boutons d'uniforme. Il n'y a pas de poches apparentes à la redingote. Elles sont pratiquées dans la doublure dans les plis du bas du dos, on y accède par la fente dorsale de la redingote tout comme pour la veste de l'habit. Deux gros boutons d'uniforme dorés marquent la taille derrière de part et d'autre de la couture dorsale. Le ceinturon-porte-bé­lière se porte au-dessus de la redin­gote par-dessus les deux boutons dorsaux.

Le pantalon est du même drap, il est long, étroit et muni de sous-pieds - Il ne porte pas de galons dorés. En été, il est de toile blanche.


La casquette

La coiffe de la casquette est en drap d'uniforme, la cuve ou bandeau de même, la visière et la jugulaire sont en cuir laqué noir. Il n'y a pas de coiffe blanche pour l'été et les tropiques comme de nos jours. Le rapport entre cuve et coiffe est de 9 à 14, ce rapport tendra avec le temps à diminuer et la coiffe deviendra à peine plus large que la cuve.

Le bandeau est piqué en ses bords de deux passepoils et recouverte entre ces deux passepoils du même ruban galon doré que celui porté à la couture du pantalon de grande tenue. Le galon de casquette des officiers supérieurs a donc 4 cm de large celui des Lieutenants de vaisseau et des Enseignes à 3,5 cm. Les Aspirants de 1ère classe portent sur le bandeau deux petits galons d'or uni de 5mm 1 cm de distance l'un de l'autre. Les Aspirants de 2ème classe n'en porte qu'un seul.


Tenue des officiers d'administration

D'abord appelés agents comptables, puis commissaires de bord (1838), ce personnel d'administration de la Marine avait rang d'officier. Ils avaient pour grades : Sous-Commissaire de Marine de 2ème classe et de 1ère classe, ce dernier grade correspondant à celui d'Enseigne de vaisseau, puis Commissaire de 2ème classe et de 1ère classe. Ces officiers d'administration étaient également embarqués sur les navires et participaient aux nombreuses campagnes et missions lointaines de la Royale. L'un d'eux, le Commissaire Pasquini J.N. fut l'auteur de plusieurs ouvrages d'érudition et de Marine, dont une Histoire de la ville d'Ostende. Cet érudit fut un des premiers à rejoindre la Marine à sa création. Il servit d'abord à l'administration centrale de la Marine, puis embarqua à la flottille de l'Escaut puis servit sur la "Louise-Marie" puis sur le "Schelde" et le "Macassar" pendant leurs voyages aux Grandes Indes et enfin sur le "Duc de Brabant".

Le Capitaine de vaisseau E. Sinkel parle de lui dans ses mémoires et conclut : Son Histoire d'Ostende ne l'a pas enrichi, dit-il, en Belgique écrire est une mauvaise spéculation; qui a de l'intelligence et veut faire fortune doit s'en Abstenir... (!!)...bon entendeur...).

Tout comme les officiers de Marine (les officiers de pont, dirions-nous actuellement) ils avaient deux tenues, l'habit de grande tenue et la redingote de petite tenue, de même coupe que les autres officiers mais de couleur bleue plus claire. Nous référant aux descriptions des uniformes des officiers d'administration sous le 1ère Empire (Intendants, Commissaires de guerre et Inspecteurs) nous y observons que leurs tenues est dite "en drap bleu national tissé d'un huitième de blanc" donc d'un bleu de roy ("National" après la révolution), d'un huitième plus clair; nous croyons donc pouvoir rejeter le terme "bleu clair" qui qualifie chez Mr L. Leconte la couleur du drap d'uniforme des officiers d'administration et qui apparait dans certains documents d'époque. D'ailleurs aucun tableau, aucune litho ni aucun dessin ne représente des officiers de Marine en tenue bleu ciel...

Cette différence de couleur de drap sera d'ailleurs supprimée le 31 décembre 1838 et les draps seront identiques pour tout le personnel de la marine. Par contre, et pour logiquement suivre la tradition toute Française, tous leurs ornements, leurs broderies, leurs garnitures de chapeau, leurs boutons, leurs dragonnes et leurs épées seront d'argent et non d'or. Cette tradition nous l'avons vu perpétuée jusqu'il y a peu, dans les uniformes des Commissaires de bord ("purser's") des navires de l'État, des malles Ostende-Douvres qui portent galons et boutons d'argent.

La Marine de l'État (belge) se disait d'ailleurs dépositaire des traditions et uniformes de la Marine Royale dont elle prit en effet la succession pour l'exécution d'un certain nombre de missions à l'exclusion de toute mission militaire.
Les officiers d'administration auront l'ancre du collet inversée par rapport celle des autres et ces broderies ne seront pas garnies des guirlandes ni des feuillages (Pl. IV n°6). Au bas des basques l'ancre modèle n°5. Ces ancres seront brodées en fil d'argent. Grosse différence : ces officiers ne portent ni épaulettes ni parements brodés. Les galons des casquettes seront également argentés.

 

Tenue des officiers du Génie Maritime

Les officiers du Génie Maritime dont  le Corps avait été constitué en 1853 portent le même uniforme que les officiers de Marine et les mêmes boutons à la différence que le collet et les parements de leur uniforme sont de velours noir brodés d’un motif qui leur est propre (Pl. IV, n°8 et n°9). Ce motif est brodé d'or et représente une ancre appliquée sur des volutes de feuilles d'acanthe.


Tenue des officiers du Service de  Santé

Les officiers médecins et chirurgiens de Marine portent le même uniforme que les autres officiers de Marine et les même boutons. Au collet et aux parements ils portent d'autre part les broderies de leurs collègues de l'armée de terre. Ils ne portent pas d'épaulettes et portent le sabre de la Marine.


Les Aspirants

Nous devons ici consacrer un paragraphe spécial aux tenues des Aspirants. Nous tirerons nos références du règlement et de la composition du trousseau des élèves de l'École Militaire (Extraits de l'Histoire de l'École Militaire de 1834 à 1934). Les Aspirants sont rangés en deux catégories, les Aspirants de 2ème classe et de 1ère classe. Les Aspirants de 2ème classe faisaient deux années d'étude à l'École Royale Militaire (de la rue de Namur à Bruxelles). Avant 1840 date de l'ouverture d'une section Marine à l'École Royale Militaire les Aspirants de 2ème classe étaient instruits à bord de la canonnière n° 11 qui servait de navire-école. La section Marine de ERM fonctionna jusqu'en 1862.

La première année ils suivaient des cours de mathématiques, de chimie, de dessins etc., en commun avec les élèves se destinant au génie, à l'artillerie et à l'État-major. La deuxième année était consacrée à l'instruction spéciale sur l'astronomie, la navigation, la construction navale, la machine à vapeur.

Après réussite de l'examen de sortie, ils étaient promus "de 1ère classe" et embarqués pour deux ans, au terme desquels et après examen, ils étaient nommés Enseignes de vaisseau. Les Aspirants de 1ère classe dont le rang était l'équivalent du 2ème Lieutenant d'artillerie étaient sur les différentés unités de la Marine adjoints at officiers de quart dont ils recevaient l'enseignement pratique.


Tenues des Aspirants

Les Aspirants tout comme les officiers avaient deux tenues, la grande et la petite.


Petite tenue des Aspirants de 2ème classe (élèves)

Les Aspirants de 2ème classe portent en petite tenue, la redingote de drap bleu de roy: à deux rangs de 8 boutons d'uniforme de marine dorés placés en courbe rentrante; collet droit échancré, cravate noire, pantalon bleu uni. Il n'y a pas de broderies ni au collet ni aux parements.

Ils portent le bicorne ou la casquette selon le service qui est commandé.

Le bicorne est garni de la cocarde aux couleurs nationales; la ganse est à deux rangs de torsades d'or et de soie bleue, maintenue par un gros bouton d'uniforme; les glands sont en frange de filet or et soie bleue. La casquette est de drap d'uniforme comme celle des officiers, le bandeau est le drap bleu garni d'un petit galon doré de 15 mm.

Ils portent le ceinturon-bélière et l'épée trainante en service commandé avec chapeau.

 

Grande Tenue

Pour les 2èmes classes, la grande tenue est l'habit de même drap et de même coupe que pour les officiers. Il est porté fermé par une rangée de 9 gros boutons d'uniforme. Le collet est droit et échancré et est brodé de la même ancre dorée que celle des officiers en petite tenue. La même ancre orne les parements des manches et les extrémités de basques. Ils sont coiffés du bicorne décrit plus haut et portent ceinturon -bélière et l'épée trainante, gants blancs. Ils ne portent pas d'épaulettes mais en revanche ils portent à l'épaule droite une fourragère à deux tresses et deux cordons terminés par des ferrets de laiton dorés. Le trèfle est maintenu à l'épaule par une bride faite d'un galon uni d'or sur fond de drap d'uniforme, l'autre extrémité de la fourragère nommément les aiguillettes à ferrets, est tenue par le premier bouton de l'habit.

Les cordons câblés qui forment la fourragère sont tissés par parts égales en soie bleue et or.


Les Aspirants de 1ère classe

Les aspirants de 1ère classe se distinguent des élèves de 2ème classe par l'ancre (n° 4) brodée en or au collet et aux parements de la redingote et de l'habit. Ils portent à l'épée une dragonne à gland de soie noire sans franges. Leur casquette porte deux galons dorés unis de 5 mm. et leurs épaulettes sont identiques à celles du grade correspondant à l'armée de terre (2ème lieutenant d'artillerie).

La veste ronde de petite tenue Dès 1836, apparait en guise de petite tenue, une veste ronde sans basques. Elle est en drap bleu à deux rangs de 12 boutons et est portée col rabattu. La chemise blanche est portée à col rabattu par-dessus le col de la veste, la cravate noire est la même que celle des matelots et nouée à la régate.
Certains croquis, présentés comme étant les uniformes portés par la Marine Royale vers 1854, dans le volume "les Ancêtres de la Force Navale" (p.234) de Mr. L. Leconte, sont en réalité des copies d'un autre croquis, français celui-là, qui a déjà paru à plusieurs reprises dans des revues françaises. Ce croquis représente entre autre un Aspirant en veste courte portant une fourragère - ce qui est contraire aux prescriptions belges. Aussi est-il plus vraisemblable de croire que ce vêtement dont la description correspond à celle donnée pour la veste courte des matelots, même col rabattu, même nombre de boutons, soit cette même veste donnée en dotation aux Aspirants pour leurs exercices d'infanterie par exemple, le matelotage et surtout pour être portée l'hiver en lieu et place de la vareuse de toile.

Quelques années plus tard (en 1853) on supprimera la redingote de deuxième tenue des Aspirants élèves pour ne leur laisser, en deuxième tenue, que la petite veste courte.

Entre 1830 et 1862, l'influence de la mode civile, les nécessités du service, et le coat des garnitures d'or et leur mauvaises tenues à l'air salé du large, apportèrent des changements aux uniformes de marine. Les premières modifications aux tenues apparurent des 1837. L'arrêté royal du 13 déc 1837 apporte des modifications dans le sens de la simplification. L'habit de grande tenue perd ses deux fausses poches appliquées sur le haut des basques et chaque pan sera garni d'un gros bouton d'uniforme. À bord et en été seulement l'officier pourra porter sous la redingote un pantalon de toile légère gris-écru qui est moins salissant que le blanc.

L'arrêté introduit encore un gilet de drap bleu porté sous la veste, se boutonnant droit par 9 petits boutons d'uniforme et muni de poche sur le côté. En 1847 on dotera les sous-officiers d'une casquette. Le bandeau de celle-ci portera une soutache en or de 5 mm., pris entre deux passepoils, cela pour les quartier-maitres, et deux soutaches d'or pour les second-maîtres. Les Maîtres de 1ère et de 2ème classe porteront les mêmes galons que les Aspirants de 1ère et de 2ème classe respectivement. Les galons des manches seront portés en chevron, pointes vers le haut. Mais ce sera vers les années 1850 qu’apparaîtront les modifications les plus importantes.

La redingote qui se porte déjà boutons supérieurs ouverts et collet rabattu sera définie au nouveau règlement à deux rangs de 7 boutons dont seuls les deux supérieurs ne seront fermés que par mauvais temps - les épaulettes sont remplacées avec le port de la redingote par des galons de marque distinctive des grades apposés au bas de manche sur les parements.

Les Capitaines de vaisseau continueront seuls à porter les attentes d'épaulettes sur la redingote.


1853

Marques distinctives des grades

Capitaine de vaisseau : 4 galons d'or de 5 mm
Capitaine lieutenant de vaisseau: 3 galons d'or et 1 d'argent
Lieutenant de vaisseau de 1ère classe: 3 galons d'or
Lieutenant de vaisseau de 2ème classe: 2 galons d’or et 1 d'argent
Enseigne de vaisseau : 2 galons d'or.
La casquette suivant la mode verra sa coiffe se rétrécir au point de ne plus dépasser le diamètre de la cuve ; c'est presque un képi.

Quant aux cheveux, barbes et moustaches, il est dit au règlement que les favoris peuvent être portés longs ou en collier (barbe en collier), mais il défend la moustache et la mouche à la Napoléon III.

Enfin l'habit de grande tenue lui-même subit des transformations majeures ; il est porté ouvert très largement sur un gilet bleu fermé de 9 petits boutons, ou d'un gilet blanc fermé par 5 boutons. Il est porté sur une chemise empesée à col haut et raide sur lequel se noue par un noeud papillon une cravate de soie noire.

La veste de l'habit est à col rabattu et a de larges revers, elle est ornée de deux rangs de 4 boutons d'uniforme. Les broderies du col et des manches sont supprimées, le bas des manches est sans parements et fermé par deux petits boutons d'uniforme.

Le ceinturon à bélière se porte, boucle apparente, sous la veste et sous le gilet.

Aux épaules, les épaulettes sont restées ce qu'elles étaient. Le bicorne a également subi l'influence de la mode, les grandes ailes de l'époque napoléonienne ont diminué de taille jusqu'à ne plus déborder de la coiffe et la ganse-cocarde a pris une forme courbe prononcée (en banane) inclinée vers l'arrière du couvre-chef (Pl VI, 2 bis).


Les Duffel-coat

On a pu remarquer que dans la composition du trousseau des Aspirants il est fait mention d'une capote en laine de Duffel. Ce manteau à capuchon est aussi porté dans la Marine française à la même époque. Il est de couleur bleu marine et se ferme par des blochets ; il est le même pour tous les officiers. C'est un vêtement de mer qui ne comporte aucune indication de grade.

On peut donc logiquement considérer que le "Duffel-coat' ramené dans notre pays par la Royal Navy après la 2ème guerre mondiale existait déjà dans la Marine royale belge depuis son origine.

Ceci clôt la revue détaillée des tenues et uniformes de la Marine Royale. Dans un prochain chapitre nous examinerons les uniformes portés dans notre Marine pendant et après la guerre de 1914-1918.


CPV(hre) J.C. Liénart

 

 

 

                                                                            

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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